Les règles du Riot étaient très claires. Nous n’avions pas le droit d’inviter des étudiants extérieurs aux clubs dans notre repère et pourtant, je ne m’étais pas gêné un seul instant lorsqu’elle m’avait contacté pour me demander de lui rendre son téléphone. Alors donc, elle l’avait oublié ? Quel heureux hasard. Ou peut-être qu’elle l’avait fait exprès ? Mon côté rationnel ne me laissait pas l’opportunité d’imaginer de telles sottises, me rappelant à quel point cette demoiselle que je connaissais depuis quelques années était attachée à son petit ami. Trop même. Qu’avait-il de bien spécial d’ailleurs ? Il était beau et riche, je n’allais certainement pas aller à l’encontre de ces deux vérités mais d’un point de vue extérieur, je le trouvais particulièrement…ennuyant. S’amuser, aller par delà ses limites, n’était-ce pas là tout l’intérêt d’être couvert par nos parents ? Ce type était trop sage, trop gentil et si j’étais une femme, je ne perdrais pas mon temps avec lui. Ce qui ne m’empêchait pourtant pas de le considérer comme mon meilleur ami.

Assis sur l’un des canapés en cuir de la salle principale du club, je pianotais sur son téléphone à la recherche de messages aussi vides qu’intéressants avant d’esquisser un léger sourire sadique. Il voulait savoir où elle était, quand elle allait venir le voir et je ne comptais pas la laisser s’en aller de si tôt. Un petit lapin, ça ne lui ferait pas de mal, pas vrai ? « Je suis à la maison, je te rejoins chez toi dans une demi heure » Ce qui était totalement faux puisqu’elle était en chemin pour venir me voir. Satisfait, j’attendais qu’elle n’arrive en m’allumant une cigarette, le regard fixé sur la porte d’entrée du club. Je lorgnais sur cette fille depuis des années et malgré mes nombreuses avances, elle ne m’avait jamais cédé.

J'étais bien embêtée. Être la Queen du BBHMI Club et oublier son téléphone portable lors d'un cours.. Quoi de pire pouvait m'arriver ! Heureusement c'est Se Hwan qui se trouvait assit à côté de moi et qui l'avait récupéré. Mais monsieur ne pouvait se déplacer et me l'apporter ou le confier a quelqu'un qui puisse me le ramener. Il avait fallut que je me déplace, moi. S'il n'était pas le meilleur ami de mon petit copain, je l'aurais envoyé balader. Mais bon, il avait récupéré mon téléphone, et c'est moi qui l'avait oublié, normal qu'il ne veuille pas se déplacer. La chose étrange dans toute cette histoire c'est que je devais le rejoindre à leur club. Or, ils n'acceptaient jamais que quelqu'un entre dans le QG du Riot.. Enfin, j'avais mon club aussi et je comprenais. Non seulement j'étais la Queen du BBHMI mais en plus j'étais dans un club de danse, histoire de faire un peu d'exercices et pas seulement boire et manger en soirées. Fallait bien maintenir sa ligne. Après avoir salué les membres de mon club de danse, je quittais la salle et enfilais ma veste en cuir puisque le soleil se couchait et qu'une petite brise fraîche me faisait frissonner.

Je savais où se trouvait l'entre du Riot, en arrivant, je poussais la porte et observait l'endroit sans me gêner.
Autant en profiter et voir à quoi ça ressemblait puisque j'avais l'occasion d'aller dans l'interdit. Si seulement mes deux meilleurs amis savaient ils seraient jaloux. Mais bon, il n'y avait rien d'extraordinaire ici, mis à part du mobilier de luxe et tout ce qui peut faire passer le temps à une bande de mecs nageant dans la fortune de leurs familles. Je posais les yeux sur la silhouette et m'approchais de Se Hwan, assit sur un canapé en cuir.
«Merci d'avoir récupéré mon téléphone Se Hwan ! Rends le moi maintenant. », lui dis-je en tendant la main avec un sourire.

Elle avait de la chance que je sois un homme très patient, que rien ne soit jamais précipité ou décidé sur un coup de tête lorsqu’il s’agissait de prendre une décision. Les yeux rivés sur la porte, je restais calmement assit sur ce canapé luxueux que nous venions à peine de recevoir. A force de tester diverses substances et de jouer avec le feu, il était fréquent que le matériel du Riot soit inutilisable. Le dernier canapé en avait les frais, notamment lorsqu’un des membres avait réussi à y mettre le feu, après avoir renversé de l’essence et s’être allumé une cigarette. Si cela me posait un problème ? Non. Dans tous les cas, nous avions à la fois l’argent pour remplacer les meubles et l’appui du directeur pour détruire les preuves de nos nombreuses effractions au sein de l’université. Nous ne craignions absolument rien. Et ça commençait à me lasser.

Soudain, la porte s’ouvrait pour laisser apparaître cette silhouette qui m’était si agréable à contempler. Comme à chaque fois que je la voyais, je me demandais comment il était possible qu’elle ne soit pas encore à moi et que je l’aie laissé partir avec mon meilleur ami sans opposer la moindre résistance. Oh bien évidemment, ce n’était pas faute d’avoir tenté de lui faire des avances mais je n’avais jamais réussi à obtenir ce que je désirais d’elle. Jusque là je ne m’étais pas montré très convaincant et j’en étais conscient. Continuait-elle à s’imaginer que je rigolais ? Que mes avances étaient fausses ? Possible. Après tout, j’avais toujours fait en sorte de me montrer très « soft » jusqu’à maintenant, par respect pour cet ami que j’estimais beaucoup. Mais plus le temps passait et plus je regrettais de me montrer si loyal. « Assieds-toi donc, tu n’es pas pressée. » J’avais tout prévu, comme d’habitude et lorsqu’elle se rapprochait, je me levais pour aller chercher une bouteille que j’avais mise au frais avant de revenir près d’elle avant deux verres que je remplissais en esquissant un léger sourire. « Comment va le club ? Vous avez des plans de prévu pour les jours à venir ? Quelque chose d’intéressant ? » Je portais mon verre à mes lèvres sans la quitter du regard, dégustant cet alcool doux et agréable en prenant le parti de ne pas lui donner son téléphone pour le moment. « Tu es la présidente du club, j’imagine que tu peux m’y inviter si je te le demande ? » 

Cette fille était tellement désirable. Comment pouvais-je me contenir ainsi ? Difficile de croire qu’en quatre ans, je ne l’avais pas touchée une seule fois par respect pour mon meilleur ami. Pourtant il ne m’offrait rien en échange, ne me remerciait pas de mettre mes instincts de chasseur de côté pour faire durer notre amitié. Je me plaignais mais plus le temps passait et plus je ressentais cette envie, bien que totalement déplacée, d’aller à l’encontre de ces barrières que je m’étais fixées. J’étais un Park, héritier d’un empire à plusieurs milliards de wons, plus ancien membre du riot club. Pourquoi devais-je me contenir ? Jamais rien ni personne ne m’avait interdit quoi que ce soit jusqu’à présent, je ne voyais donc pas pourquoi je devais me contenter de la regarder batifoler avec n’importe qui sans m’interposer. Etais-je moins intéressant qu’eux ? Moins attirant ? J’en doutais. Rectification : j’en étais persuadé.

Malgré la situation dans laquelle nous nous trouvions actuellement, je restais étonnamment sage et m’amusait à faire tourner le verre que j’avais entre les mains avant de reposer mon regard sur elle. Etait-elle en train de me provoquer ? Je l’avais déjà laissé entrer dans le club, ce qui faisait de moi un traître et pourtant, elle me demandait de l’inviter à une soirée. A la fois agacé par cette petite remarque et amusé par la réponse que je m’apprêtais à lui donner, je me redressais pour quitter le canapé, lui tendant la main sans lui laisser le choix de refuser ma demande. « Viens je vais te montrer quelque chose » Le verre de vin dans la main, j’attendais qu’elle me suive à travers le club et m’engageais dans notre bibliothèque privée en longeant ses allées d’un pas rapide et assuré à la fois. Puis je m’arrêtais devant une grande étagère et lâchais sa main pour me concentrer sur les livres qui s’y trouvaient, les déplaçant les uns après les autres avant de trouver ce que je cherchais. Sans lui en dire plus, je tirais sur l’étagère en bois massif pour la faire coulisser, esquissant un léger sourire à la vue d’une porte qui était cachée là, depuis de nombreuses années déjà. Doucement, j’attrapais sa main, la retournais pour l’ouvrir avant d’y déposer une petite clé.

« Je peux t’y inviter. Mais je ne suis pas certain que tu sois prête à te joindre à nous » J’attendais, appuyé contre l’étagère qu’elle ouvre, ou pas, cette porte qui se trouvait sous ses yeux. Avait-elle réellement envie de partager une de nos soirées ? Etait-elle prête à se soumettre à un groupe de plusieurs hommes, simplement pour satisfaire sa curiosité ? Les filles qui venaient ici n’étaient pas toujours préparées à ce scénario et honnêtement, ça nous plaisait beaucoup.

Quand je lui demandais de m'inviter à l'une de leurs soirées, il se lève et m'invite à le suivre, me prenant la main et m'entrainant à travers la salle du club. Je n'avais pas vraiment d'autre choix que de le suivre, mais au fond, je profitais de ce petit contact électrisant de ma main dans la sienne. Il s'était arrêté devant une bibliothèque et j'attendais patiemment pour voir ce qu'il voulait me montrer. Le lieu était silencieux, et nous étions seuls tous les deux, l'ambiance était propice à me faire faire des choses que j'allais regretter plus tard. J'observais Se Hwan alors qu'il dégageait une sorte de porte secrète face à laquelle je fronçais les sourcils. Il avait lâché ma main, mais il la repris et la retourna pour me donner cette petite clé qui semblait ouvrir la porte secrète. Je mourrais de curiosité de savoir ce qui se trouvait derrière. Ses paroles sonnaient comme une invitation et une menace à la fois. J'hésitais. L'ouvrir ? Non. C'était une mauvaise idée. Je me retournais vers Se Hwan pour prête à refuser, en lui tendant la clé mais... Ma curiosité était impossible à contenir. Qu'est ce que je risquais au fond? Il ne me ferait aucun mal. Je ne lui rendais pas la clé, et à la place, je l'introduisais dans la serrure et j'ouvrais la porte en grand avant de glousser. Voilà à quoi ils passaient leurs soirées? Intéressant.

En réalité, m'imaginer faire toutes sortes de choses cochonnes avec lui et d'autres mâles était très excitant. Il n'aurait pas dû me montrer cette pièce. Car j'étais à présent tout près de lui, et mes hormones en éveil me faisaient approcher d'avantage. Bientôt mon corps se retrouvait collé au sien, tandis que mes mains se posaient sur ses épaules, et mon visage s'approchait du sien, sans se départir de ce sourire malicieux. Qu'est ce que je faisais ? Mes lèvres étaient à quelques millimètres des siennes, mon souffle se heurtait contre le sien.. Je souriais approchant mes lèvres de son oreille pour y murmurer un "Une autre fois peut-être" avec un sourire amusé. Je reculais et refermais la porte avant de rendre la clé à Se Hwan en lui lançant un regard plein de sous entendus. Qu'est ce qui me prenait ? J'étais en train de le provoquer. Et s'il disait tout à Soo Han ? Non, il ne le ferait pas, parce que je savais qu'il avait envie de moi, je l'avais sentit tendu l'espace de quelques secondes, comme s'il attendait que je l'embrasse. Il n'y avait plus de doutes quant à cette attirance que nous avions l'un pour l'autre, je venais non seulement de confirmer que je l'attirais. Mais aussi.. lui avouer par ce que je venais de faire et de dire, que lui aussi me plaisais. J'avais failli céder, je devenais plus faible. Les choses allaient certainement se compliquer à partir de maintenant.

Elle m’avait suivi sans afficher une once d’hésitation, n’avait pas non plus refuser de prendre ma main lorsque je la lui avais tendue quelques minutes plus tôt. Si Soo Han nous avait vu agir ainsi, il n’aurait certainement pas apprécier mon comportement et m’aurait demandé de m’éloigner de sa copine. Mais il n’était pas là et je me félicitais de le savoir seul chez lui, à désespérément attendre qu’elle le rejoigne alors qu’elle se trouvait en ma compagnie. Maintenant que nous étions plantés devant la porte que j’avais volontairement gardé close, je lui laissais le choix de découvrir son contenu en me demandant si elle allait avoir le cran de satisfaire sa curiosité. Lorsque j’apercevais son regard, je me préparais à la traiter de froussarde avant qu’elle n’éloigne la clé de moi pour la glisser dans la serrure. Surpris par ce geste auquel je ne m’étais de toute évidence pas attendu, je restais appuyé sur le côté sans bouger et l’observais avec une attention toute particulière. Ce n’était pas la première personne à découvrir cette pièce que nous gardions secrète depuis des années et pourtant, sa réaction me surprenait. N’avait-elle pas peur ? Ne craignait-elle pas que je la force à avoir un quelconque rapport avec moi ? Même si l’idée m’avait traversé l’esprit, je me savais plus malin et m’étais ravisé à de nombreuses reprises. J’étais capable de l’avoir sans la forcer et ce petit défi personnel que je m’étais lancé était bien plus excitant que la première option qui m’était venu en tête.

Et maintenant, qu’allait-il se passer ? Conscient de ne pas être à l’abri de l’arrivée d’un membre du club, je restais bien sagement où j’étais le temps qu’elle réagisse et ne referme la porte après quelques secondes. Puis elle se rapprochait de moi, me prenant totalement au dépourvu alors que ses mains se posaient sur mes épaules et que ses lèvres se rapprocher un peu trop dangereusement des miennes. Je m’étais attendu à ce qu’elle me provoque, mais pas à ce qu’elle se montre si entreprenante. Même si je savais que je n’étais de loin pas le seul à lui courir après, je ne l’imaginais pas aussi allumeuse et ce trait de caractère avait le don de réveiller en moi quelques sentiments que je peinais à contenir. Avec n’importe quelle autre fille, je ne me serais jamais retenu mais avec elle, je savais qu’il m’était impossible d’agir à ma guise. « Tu… » Je ne devais pas céder. Malgré la situation dans laquelle je me trouvais, je me ravisais une fois encore à agir pour reculer et remettre l’étagère à sa place. Elle n’était pas prête à me donner ce dont j’avais envie et je n’allais certainement pas lui faire les yeux doux pour obtenir son attention. Petit à petit, je calmais mes ardeurs en pensant à des scénarios moins affriolants avant de lui montrer la salle principale du doigt. « La visite est terminée mademoiselle, j’espère que ça vous a plu » Je restais courtois et gentleman dans toutes les situations, la laissant passer devant moi pour la guider jusqu’à l’endroit où nous nous trouvions quelques minutes auparavant. « Maintenant que j’y pense, je pourrais aussi inviter Soo Han, qu’est-ce que t’en dis ? » Là, je cherchais à la déstabiliser. Elle voulait rester avec lui mais m’allumait à la première occasion. Quelle genre de fille était-elle ?

Clairement, je l'avais perturbé par mon comportement. Il ne s'attendait sans doutes pas à une telle chose de ma part, moi qui l'avait si longtemps ignorer dans ses avances sous entendues. Il semblait perturbé mais rèussissant à se reprendre, il m'indiquait la salle principale mettant fin à cette "visite" comme il le disait si bien. Je me dirigeais vers la salle principale, suivie de mon ami. Enfin, je devais avouer qu'à prèsent j'ignorais comment qualifier notre relation. Était-on amis? Peut-être. Du moins j'avais rien fait avec qui lui puisse me permettre de l'appeler mon amant. Même si j'avoue que je n'aurais pas été contre, je devais garder la tête froide.. Difficile avec l'alcool que j'étais en train d'ingurgiter.

Mon verre vide, je me resservis un autre, le remplissant à bord. J'en étais à la moitié de mon verre quand il prononcait le nom de mon petit ami. Je m'arrêtais et me tournais vers lui avec un rire. Soo Han ? Comme s'il avait les couilles pour faire ça ! «Ce n'est pas moi qui dirait non. Avec lui ce sera d'autant plus amusant, pour moi en tout cas.», je lui répondais avec un sourire malicieux. Quoi? Était-ce une tentative de déstabilisation râtée ? De toute manière, s'il proposait un plan à trois à mon copain, soit je faisais l'amour avec deux beaux mâles rien que pour moi, soit il s'en prenait un dans la gueule, un coup de poing je veux dire. Alors bon, qu'est ce que je risquais moi ? Libre à lui de soumettre cette idée à Soo Han ! Je gloussais encore discrètement avant de finir mon verre tout en me laissant tomber sur le canapé. « J'ai l'impression que tu as peur de voir débarquer quelqu'un de ton club. Donnes moi ce téléphone et je m'e vais. C'est bon tu m'as montré que t'étais courageux. » Il y avait de la moquerie dans le ton de ma voix que je ne cherchais pas à cacher. Bon, en tout cas j'avais goûté à du bon vin, ma visite n'était pas si ennuyante que cela. Mais je me demandais si je n'avais pas fait une erreur en venant ici. J'avais clairement l'impression qu'à partir de maintenant, notre relation allait changer ? Pire ou mieux ? C'est la question que je me posais. Mais surtout, quelles seraient les conséquences ?